
Alors que le taux d’épargne des Français atteint son plus haut niveau depuis 1984 avec environ 17%, l’assurance-vie est malgré tout boudée par les épargnants avec une décollecte nette de 10 milliards d’euros entre juin 2011 et juin 2012.
La concurrence des livrets bancaires comme le Livret A ne suffit pas à expliquer le désamour des Français pour l’assurance-vie et 2012 restera sans doute une année noire pour celle-ci.
Morningstar vient de publier un état des lieux de l’assurance-vie en France. Offrant une rentabilité nette de seulement 2%, les assurances-vie en euros (fonds euros) n’égalent pas les 2,75% du Livret A.
Alors qu’avec 15,21 milliards d’euros collectés depuis le début de l’année le Livret A se prépare à une de ses meilleures années de ses 194 années d’existence, l’assurance-vie a enregistré une décollecte nette de 10 milliards d’euros entre juin 2011 et juin 2012. Habituellement pourtant, celle-ci collectait entre 30 et 60 milliards par an.
L’assurance-vie n’est pas au bout de ses peines et de nombreux dangers la menace
- Dans les prochaines années de nombreux épargnants vont récupérer les montants investis lors de leur départ à la retraite. Par conséquent, la décollecte nette va s’accroître
- Les rendements vont continuer à baisser. Lorsque leurs obligations arrivent à maturité, les fonds en euros doivent les remplacer par de nouvelles aux taux beaucoup mois avantageux. Le taux des obligations françaises à 10 ans est passé d’environ 5% à 2% entre 2000 et maintenant
- Avec beaucoup d’obligations d’états européennes, les contrats d’assurance-vie restent tout de même à la merci d’une défaillance généralisée des économies des pays de la zone euro
- La nouvelle législation Solvency 2 visent à limiter les prises de risque incontrôlées des assureurs. Les fonds en euros seront donc obligés d’investir dans des obligations d’Etats sûres…et donc à faible rentabilité. Le Bund allemand à 10 ans est actuellement à 1,35%
- L’inflation reste relativement élevée (1,9% entre juillet 2011 et juillet 2012) et celle-ci est actuellement à peine compensée par la rentabilité de l’assurance-vie. De plus, si l’inflation augmente le taux des Livret A en tiendra compte (normalement) et celui-ci marquera un nouveau point contre l’assurance-vie
D’après l’étude Morningstar, si les taux à long terme se conservent et si l’inflation suit les matières premières, en 2013 le rendement brut des fonds en euros pourrait être atteindre 2,5%.
Nets de fiscalité, les fonds n’offriraient plus que 2% de rendement. Le livret A, quant à lui, étant défiscalisé proposerait un rendement net de 2,75% d’après les estimations de Morningstar.
L’avenir de l’assurance-vie se trouve donc peut-être dans les unités de compte puisque celles-ci présentent les mêmes avantages que le fond euro et ne sont pas plafonnées comme le livret A.
Lydie Berget