À l’heure où les marchés financiers tanguent au gré des incertitudes économiques, la terre agricole émerge comme une alternative potentiellement séduisante pour les investisseurs en quête de sens, de stabilité, et de rendement à long terme.
Découvrez dans cet article tout ce qu’il faut savoir concernant la terre agricole, les avantages et inconvénients de ce type de placement, les risques associés à l’investissement en immobilier agricole et à qui cela s’adresse. Enfin, nous vous expliquerons très concrètement comment il est possible d’investir dans la terre agricole.
Qu’est-ce que l’investissement dans la terre agricole ?
L’investissement dans la terre agricole consiste à acquérir des actifs fonciers (ou des parts dans des actifs fonciers) liés à la production agricole. Il peut s’agir de terres cultivables, de prairies, de vignes, de forêts ou de bâtiments d’exploitation (fermes, hangars). Contrairement à l’immobilier résidentiel ou commercial, qui génère des loyers via l’occupation d’un bien par un particulier ou une entreprise, la terre agricole repose sur la valorisation et l’exploitation d’un actif naturel. Si on peut dire avec l’immobilier classique qu’on investit dans la pierre, ici on va investir dans la terre.
L’investisseur perçoit généralement un revenu sous la forme d’un fermage, l’équivalent du loyer dans le monde agricole, tout en bénéficiant, à terme, d’une possible appréciation de la valeur foncière.
Concrètement, il est possible d’acquérir des parcelles destinées à l’exploitation de grandes cultures (blé, maïs, colza) et de les louer à un agriculteur professionnel dans le cadre d’un bail rural. D’autres investisseurs se positionnent sur des marchés plus spécialisés, comme le foncier viticole dans les grandes régions de production de vin (GFV), ou sur des actifs forestiers (GFF), valorisés par la coupe de bois ou les crédits carbone. Dans certains cas, il est également envisageable d’acheter des exploitations complètes, combinant terres, bâtiments et équipements.
L’investissement immobilier agricole se distingue donc de l’investissement immobilier classique à plusieurs niveaux. D’une part, la dynamique de rendement est moins directement corrélée au marché locatif urbain car elle dépend de la productivité agricole, des cours des matières premières, ainsi que du cadre réglementaire et environnemental. D’autre part, la gestion locative est plus stable mais aussi plus encadrée, notamment à travers des baux ruraux de longue durée (généralement entre 9 et 25 ans) qui offrent une visibilité sur les flux futurs, au prix d’une moindre flexibilité.
À travers la terre agricole, l’investisseur diversifie son portefeuille en s’exposant à un actif tangible, peu volatil, historiquement résilient face aux cycles économiques, mais qui nécessite une bonne compréhension des enjeux agronomiques, climatiques et géopolitiques liés à l’agriculture.
Quelles sont les différentes formes d’investissement dans la terre agricole ?
L’investissement agricole recouvre une grande diversité d’actifs, tant par la nature des biens que par les productions agricoles associées. Concrètement, un investisseur peut choisir d’acquérir :
- Des terres cultivables : principalement destinées aux grandes cultures comme le blé, le maïs, le soja ou le colza. Ces terrains offrent une exposition relativement stable, liée aux marchés mondiaux des matières premières agricoles.
- Des terres viticoles : implantées dans des régions à forte notoriété comme la Bourgogne, le Bordelais ou la Vallée du Rhône. Ces biens sont recherchés pour leur potentiel patrimonial et la valorisation liée à la production de vin.
- Des vergers : destinés à la culture de fruits (pommes, cerises, noix, amandes), souvent implantés sur des exploitations spécialisées à rendement élevé.
- Des prairies et pâturages : exploitées pour l’élevage bovin, ovin ou caprin. Ce type d’actif dépend fortement des marchés de la viande et des produits laitiers.
- Des terres forestières : investies pour la production de bois ou la valorisation écologique (crédit carbone notamment).
À côté du foncier nu, il est également possible d’investir dans des exploitations agricoles complètes, intégrant non seulement la terre mais aussi les bâtiments d’exploitation (granges, étables, hangars de stockage), les équipements et parfois les droits de production ainsi que les AOC dans certains cas.
Chaque type d’investissement présente ses spécificités. Par exemple, les terres céréalières sont sensibles aux aléas climatiques et aux fluctuations des prix des matières premières agricoles sur les marchés financiers, tandis que les domaines viticoles bénéficient d’une dimension de prestige et de valorisation patrimoniale, mais sont également exposés aux risques phytosanitaires et aux évolutions du goût des consommateurs, ainsi qu’aux taxes d’exportations comme on a pu récemment le constater.
Comprendre ces différentes catégories est essentiel pour orienter son investissement agricole en fonction de ses objectifs de rendement, de son horizon de placement et de son profil de risque.
Pourquoi investir dans la terre agricole aujourd’hui ?
Face à la volatilité et l’incertitude des marchés boursiers, ainsi qu’à la spéculation immobilière dans certaines capitales ou grandes villes (ce qui peut exposer les prix à des phénomènes de bulle ou de correction brutale), la terre agricole apparaît comme une alternative plus stable qui pourrait devenir de plus en plus pertinente dans les années à venir.
Tout d’abord, l’investissement agricole répond à une préoccupation écologique grandissante. Acquérir des terres agricoles, c’est potentiellement accompagner la transition vers une agriculture plus durable, promouvoir la régénération des sols, soutenir les pratiques biologiques ou agroécologiques. La terre agricole offre aux investisseurs l’opportunité d’allier performance économique, engagement écologique et impact social. En finançant des terres destinées à des pratiques durables ou à la production locale, l’investissement soutient la transition agroécologique et la souveraineté alimentaire.
Par ailleurs, dans un monde de plus en plus attentif aux enjeux climatiques, le foncier agricole est appelé à jouer un rôle central dans la captation carbone. En investissant dans des terres exploitées par des agriculteurs locaux, souvent confrontés à des difficultés d’accès au financement, l’investisseur participe directement au maintien et au développement des territoires ruraux.
Sans oublier que la terre agricole reste historiquement moins volatile que les actions ou l’immobilier résidentiel en zone urbaine, avec une valorisation principalement liée à des fondamentaux physiques tels que la productivité des sols et la demande alimentaire mondiale.
Certes, l’investissement agricole n’est pas exempt de risques (aléas climatiques, évolutions réglementaires, ou variation des prix agricoles), mais il propose un profil de rendement-risque attractif pour diversifier un portefeuille à long terme, tout en donnant du sens à son investissement.
Est-il rentable d’investir dans une terre agricole ?
En investissant dans une terre agricole, vous pouvez espérer une rentabilité qui, bien que modérée par rapport à d’autres classes d’actifs plus risquées comme la Bourse par exemple, sera en lien avec la stabilité que ce type de placement offre.
Historiquement, la terre agricole en France a enregistré une progression de sa valeur d’environ 3 % à 4 % par an, à laquelle peuvent s’ajouter les revenus fonciers issus du fermage.
À titre d’exemple, un investissement de 50 000 € dans une parcelle agricole pourrait générer un loyer annuel de 1 750 € à 2 000 € (soit un rendement brut de 3,5 % à 4 %), en plus d’une appréciation possible de la valeur du terrain sur le long terme. Bien entendu, cette rentabilité dépend de nombreux facteurs comme la qualité du sol, la localisation, le type d’exploitation, et les conditions climatiques. Il s’agit donc d’un placement stable, mais qui demande d’être patient et pas trop gourmand.
Quels sont les avantages et risque de l’investissement dans la terre agricole ?
Comme tout investissement, la terre agricole présente à la fois des avantages et des risques. Avant de se positionner sur ce placement atypique, il est essentiel d’en comprendre les avantages mais aussi les inconvénients, que nous allons détailler ci-dessous.
Quels sont les avantages à investir dans la terre agricole ?
L’investissement dans la terre agricole présente plusieurs avantages. D’abord, il offre une bonne stabilité pour le capital, en s’appuyant sur un actif tangible dont la valeur est liée à des besoins fondamentaux comme l’alimentation et la gestion des ressources naturelles. Moins exposé à l’évolution des taux d’intérêt que l’immobilier classique, le foncier agricole bénéficie d’une valorisation progressive, portée par la croissance démographique mondiale. À cela s’ajoute la possibilité d’aligner son investissement avec des convictions sociales, en apportant un financement à des agriculteurs qui peinent parfois à trouver les fonds nécessaires pour développer leur activité.
Enfin, certaines stratégies permettent de générer des revenus complémentaires, notamment via la valorisation de crédits carbone, ajoutant ainsi une dimension environnementale au rendement financier.
Quels sont les risques à investir dans la terre agricole ?
Malgré ses nombreux atouts, l’investissement dans la terre agricole comporte également des risques qu’il convient d’évaluer avec attention. Les revenus fonciers peuvent être affectés par les aléas climatiques, les maladies agricoles ou les fluctuations des prix des matières premières.
De plus, le cadre réglementaire, notamment en matière de baux ruraux ou de droit de préemption, peut limiter la flexibilité de gestion et la revalorisation des loyers.
L’investissement dans la terre agricole est aussi peu liquide car la vente d’une terre agricole peut prendre du temps, notamment dans les zones rurales moins attractives. Enfin, la performance reste dépendante de la qualité du sol, de l’entretien du terrain et du sérieux de l’exploitant, des éléments qui exigent une sélection rigoureuse en amont.
À qui s’adresse l’investissement dans la terre agricole ?
L’investissement dans la terre agricole s’adresse avant tout aux investisseurs à la recherche de diversification patrimoniale et d’actifs tangibles à long terme. Il convient particulièrement aux investisseurs qui privilégient une approche prudente, capable de résister aux cycles économiques et financiers traditionnels. Ce type d’investissement séduira également les profils sensibles aux enjeux environnementaux et sociaux, désireux d’aligner leur capital avec des convictions durables.
Toutefois, il requiert une certaine patience car la valorisation du foncier agricole se construit dans le temps, loin de la liquidité immédiate offerte par les actions ou les ETF par exemple. Il est donc mieux adapté aux investisseurs disposant d’un horizon d’investissement long terme (voire très long terme), d’une capacité d’immobiliser le capital investi, et d’une tolérance aux risques spécifiques du secteur agricole.
Enfin, il peut intéresser les épargnants avertis ou institutionnels souhaitant sécuriser une partie de leur portefeuille contre l’inflation, tout en participant activement à la transition écologique et à la préservation des ressources naturelles.
Comment investir dans les terres agricoles en pratique ?
L’investissement agricole peut prendre plusieurs formes, offrant aux investisseurs des profils de risque et de rendement variés. La façon la plus directe consiste à acheter des terres agricoles en propriété individuelle. Dans ce cas, l’investisseur devient propriétaire du foncier et perçoit un loyer sous forme de fermage, versé par un exploitant agricole qui utilise la terre dans le cadre d’un bail rural. Cette approche permet de bénéficier pleinement de l’appréciation potentielle du prix du foncier agricole, mais en s’exposant aux risques inhérents de la gestion du terrain (sélection du locataire, respect des réglementations locales, risques climatiques).
Pour les investisseurs qui souhaitent diversifier leur exposition sans gérer eux-mêmes des actifs physiques, il existe des véhicules d’investissement collectif spécialisés, tels que certaines SCPI agricoles ou des groupements fonciers agricoles (GFA). Ces structures permettent d’accéder indirectement à un portefeuille de terres ou d’exploitations agricoles, moyennant une mutualisation des risques et une gestion professionnelle. Le rendement provient alors des revenus générés par les baux agricoles et de la revalorisation progressive du foncier.
Par ailleurs, des plateformes d’investissement participatif ont émergé ces dernières années, proposant de financer des projets agricoles spécifiques (création ou reprise d’exploitation, transition vers l’agriculture biologique, modernisation d’infrastructures) en échange d’un rendement fixé contractuellement. C’est le cas de la plateforme Hectarea par exemple, qui permet d’investir dans la terre agricole à partir de 500 euros.
Enfin, certains investisseurs institutionnels ou particuliers avertis se positionnent sur des actifs plus spécifiques comme les terres viticoles, les vergers, les plantations à l’étranger (cacao, café), en quête de marchés de niche à forte valeur ajoutée. Ces investissements, plus sophistiqués, nécessitent une expertise sectorielle poussée et une sélection rigoureuse des actifs.
Ainsi, que ce soit en acquisition directe, via des véhicules collectifs ou en financement de projets agricoles, la terre agricole offre une palette d’opportunités permettant d’ajuster son niveau d’exposition au secteur en fonction de ses objectifs patrimoniaux et de son appétence au risque.
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