L’investissement dans l’art a pendant longtemps été l’apanage d’une clientèle fortunée et avertie. Alors que l’art fractionné permet de rendre plus accessible cet investissement atypique, revenons sur les principales caractéristiques sur ce marché très particulier. Terrain d’investissement décorrelé des marchés financiers, le marché de l’art peut en effet être une piste de diversification à explorer.
Découvrez dans cet article les principales caractéristiques du marché de l’art, la performance de l’art comme placement, les avantages et risques à investir dans l’art, les différentes façons d’investir dans l’art en 2025, la fiscalité de l’investissement dans les œuvres d’art, et enfin la typologie des investisseurs dans l’art.
L’art, un placement financier comme les autres ?
L’art avait une place prépondérante dans le patrimoine jusqu’au XIXème siècle. Avec la révolution industrielle, nous avons assisté à l’essor des actions et des obligations. Le déclin de l’art en tant que placement a été amplifié au XXème siècle par la dématérialisation et l’augmentation du monétaire.
L’art, un placement de niche
L’art est désormais un placement de niche. Les volumes de transaction sur le marché de l’art en un an correspondent à quelques semaines de volume de transaction sur le CAC 40. En effet, le volume hebdomadaire sur le CAC 40 oscille entre 800 millions et 13,5 milliards d’euros environ contre un marché de l’art estimé à 65 milliards d’euros en 2023 par UBS et l’institut Arts Economics, en recul de 4 % par rapport à l’année précédente, soit un volume de 39,4 millions de transactions, avec une valeur moyenne de l’œuvre d’art avoisinant les 1 650 dollars.
Cette faible liquidité du marché de l’art peut ainsi provoquer un emballement à la hausse. On retiendra la vente la plus chère de l’histoire qui a eu lieu en en 2017 chez Christie’s, avec le « Salvator Mundi» de Léonard de Vinci vendu à plus de 450 millions de dollars.
L’investissement dans l’art, la démocratisation en marche
Cependant, ces dernières années, l’essor des plateformes d’achat en ligne dans le secteur de l’art a participé à démocratiser ce marché et il y a fort à parier que, dans les prochaines années, la dynamique se poursuive et que l’on assiste, grâce à la digitalisation des pratiques, à un véritable renouveau du marché de l’art.
Notez également que l’art numérique gagne du terrain et participe à rendre plus accessible le marché de l’art. Ainsi, les NFT (Non Fungible Token) touchent une cible jusque-là relativement éloignée de ce marché, à savoir les jeunes générations. Ce segment naissant représente 1 % du marché de l’art en 2022 selon Artprice. Attention car comme tout marché émergent, il se caractérise par une très forte volatilité, et affiche une certaine corrélation avec les crypto monnaies.
Plus récemment, nous avons pu voir l’émergence de l’art généré par l’intelligence artificielle. Selon le Rapport Hiscox Art & IA 2024 CP du 19 septembre 2024, 40 % des collectionneurs d’art prévoient d’acheter davantage d’art généré par IA dans les 12 prochains mois. Mais attention, car non seulement là aussi la volatilité est importante et une corrélation avec les valeurs de l’IA pourrait bien être observée, mais en plus les collectionneurs d’art les plus âgés (69 %) comme les plus jeunes (67 %) considèrent que l’art généré par l’IA a moins de valeur à leurs yeux que l’art créé par un humain.
L’art est-il un investissement rentable ?
Différentes études au cours du XXème siècle ont essayé d’estimer la rentabilité des œuvres d’art.
L’étude Baumol
Réalisée sur la période de 1852 à 1961 et sur un échantillon de 600 transactions, elle a montré qu’un placement en œuvres d’art a procuré une rentabilité de 0,5 % par an sur cette période
L’étude Frey
Réalisée sur la période de 1961 à 1987 et sur un échantillon de 1 200 opérations, elle a montré qu’un placement en œuvres d’art a procuré une rentabilité de 1,5 % par an sur cette période.
L’étude Channel Varey Gainsbourg
Réalisée sur la période de 1957 à 1980 et sur toutes les transactions de 32 artistes présélectionnés, elle a montré qu’un placement de cette sélection d’œuvres d’art a procuré une rentabilité de 5,5 % par an sur cette période.
Au regard de ces trois études, nous apercevons que la rentabilité du marché de l’art est relativement faible en comparaison des placements en actions par exemple.
L’indice Artprice 100
Le site Artprice, leader mondial de l’information sur le marché de l’art a créé un indice appelé Artprice100© rassemblant 100 artistes dont la valeur des œuvres a augmenté en moyenne de 25 % par an depuis les années 2000. On peut notamment citer parmi ces artistes, appelés “Blue-Chip” en référence aux poids lourds de la cote des indices boursiers, des grands noms de la peinture comme Picasso, Basquiat, Warhol, Soulages, mais aussi Monet ou Rodin, ce qui démontre que les artistes du 19ème siècle peuvent aussi rapporter gros, ainsi que des artistes encore vivants comme Banksy ou Hockney par exemple.
L’indice Artprice 100 a surperformé l’indice S&P 500 de 250 % depuis les années 2000, preuve s’il en est que l’investissement dans l’art peut rapporter gros.
Performance de l’indice Artprice 100© Vs S&P500 de 2000 à 2023
Un marché de l’art très contrasté en termes de performance
Mais attention, en réalité, si l’on regarde la performance du marché de l’art sur les dernières années, on se rend compte de la disparité selon les différentes œuvres d’art. Ainsi, on peut faire une distinction assez nette entre l’art ancien, classique et moderne, valeur refuge relativement stable, et l’art d’après-guerre et contemporain qui affiche une dynamique de croissance impressionnante.
Évolution des indices de prix pour chaque période de création de 1998 à 2022
Les frais liés à l’investissement dans l’art, une variable à prendre en compte pour évaluer la rentabilité
Mais attention, rappelons que la rentabilité d’un placement est la différence entre la performance délivrée par le placement et les différents frais qui s’y rattachent. Selon le mode d’investissement dans l’art que vous aurez choisi, il faudra donc également tenir compte des frais de conservation, des frais d’assurance, mais aussi des frais d’acquisition, que ce soit en club deal ou en vente aux enchères par exemple (dans les deux cas, comptez entre 15 % et 20 % de commission), ce qui ne sera pas sans impact sur la rentabilité finale du placement.
Pourquoi investir dans l’art ?
Le potentiel de performance de l’art
Le premier avantage de l’investissement dans l’art, bien souvent, comme finalement tout investissement, c’est le potentiel de performance, avec des rendements très attractifs pour certains artistes comme nous avons pu le voir précédemment.
La décorrélation avec les marchés financiers du marché de l’art
Un investissement dans l’art est décorrélé des marché actions et marché immobilier. Le prix d’une œuvre ne variera pas en fonction de la dynamique des grandes places boursières mondiales ou de l’état du marché immobilier.
L’art comme actif de diversification
L’art peut être perçu à ce titre comme un actif de diversification, qui permet de placer une partie de son patrimoine sur un marché spécifique, décorrélé des autres marchés financiers.
L’art comme placement plaisir
Mais au-delà du simple placement financier, l’art est aussi un placement plaisir. On peut contempler dans son salon un tableau de maître, chose impossible avec un portefeuille actions. Ajoutons également que le collectionneur d’art jouit d’un certain prestige social, ce qui peut être l’objectif d’une personne fortunée.
Quels sont les risques à investir dans l’art ?
Le risque de liquidité quand on investit dans l’art
Le premier risque qui nous vient à l’esprit, c’est celui de la liquidité. En effet, l’investissement dans une œuvre d’art est un placement peu liquide. La revente nécessite du temps et parfois de savoir patienter longtemps et/ou de baisser son prix pour réaliser la cession de l’œuvre.
Le risque de volatilité quand on investit dans l’art
Investir dans une œuvre d’art comporte un risque de perte en capital. En effet, la cote d’un artiste, si elle peut flamber, peut aussi s’effondrer. Et vous pourrez alors revendre l’œuvre d’art à un prix inférieur à celui auquel vous l’avez acheté, subissant une moins-value.
Le risque lié au manque de connaissance quand on investit dans l’art
Pour réduire le risque de moins-value et sélectionner des artistes prometteurs, les connaissances sont essentielles. La solution la plus sûre reste encore de s’appuyer sur des experts dans le domaine et de ne pas réaliser son investissement à l’aveugle, sauf coup de cœur, mais alors il ne s’agit plus réellement d’un investissement.
Le risque de contrefaçon sur le marché de l’art
Bien s’entourer au moment de son entrée sur le marché de l’art permet aussi d’éviter le risque de contrefaçon et de ne pas être la victime d’une escroquerie.
Le risque de dégradation des œuvres d’art
Enfin, soulignons que les œuvres d’art peuvent être fragiles et se détériorer avec le temps. Le risque de dégradation doit être pris en compte afin de mettre en place les mesures de conservation qui s’imposent.
En conclusion, nous pouvons attirer votre attention sur le fait que l’art est un placement de long terme, risqué, qui doit être envisagé à ce titre comme un actif de diversification, c’est-à-dire ne pas représenter une part trop importante de votre patrimoine. Ainsi, l’ensemble des actifs de diversification ne devraient pas excéder 5 à 15 % maximum de votre patrimoine global.
Comment investir dans les oeuvres d’art ?
Ventes aux enchères, foires et galeries d’art
Pour investir dans les œuvres d’art, il y a bien sûr les ventes aux enchères et autres galeries mais cela nécessite d’avoir du temps et des connaissances pour sélectionner les œuvres les plus intéressantes.
Plateformes en ligne d’investissement dans l’art
Selon Hiscox, les plateformes en ligne représentaient près de 16 % du total des ventes d’art en 2022, soit 10,8 milliards de dollars. C’était seulement 1,6 milliard de dollars en 2012. Ce segment concerne bien sûr les sites internet des grandes salles de vente sur lesquels il est possible de placer son enchère comme drouot.com ou christies.com, mais aussi des sites spécialisés comme artsy.net par exemple.
Fonds d’investissement spécialisés dans l’art
Une autre manière d’investir est de passer par des fonds d’investissement spécialisés dans l’art comme le French Art Fund ou par les départements en conseil art qui ont été créés dans certaines banques comme à la Société Générale qui gère le fonds Sgam AI Art Fund.
Clubs deals et achat d’œuvres d’art fractionnées
Enfin, depuis quelques années se développent des solutions innovantes pour investir dans l’art de manière fractionnée. On peut notamment citer le club deal Matis, qui permet d’investir sur des artistes blue chip comme Andy Warhol, Pierre Soulages ou encore Yves Klein à partir de 20 000 euros en bénéficiant d’une sélection rigoureuse d’œuvres d’art.
Il est aussi possible d’investir dans l’art à partir de 20 000 euros sur des artistes blue chip présents dans l’indice artprice100® avec Ramify Black, l’offre VIP de Ramify qui permet également d’avoir accès à des assurances-vie luxembourgeoise, au crédit Lombard, à des fonds de private equity, à des clubs deals, etc.
Tableau récapitulatif des avantages et inconvénients à investir dans l’art selon le type d’investissement
Type d‘investissement | Investissement en direct | Club deal (Matis) | Fonds spécialisé (French art FUND FR001400NHF6) |
---|---|---|---|
Ticket d’entrée | environ 50 000€ | 20 000€ | 100 000€ |
Placement plaisir | Oui | Non | Non |
Rendement | Variable | TRI cible d’après les performances passées entre 12 et 20 % (non garanti) | 7 % (avec une commission de surperformance au-delà de ce seuil) |
Risque | Risque de perte en capital (moins-value) | Risque de perte en capital (moins-value) mais relativement maîtrisé du fait de l’expertise de l’équipe | Risque de perte en capital (moins-value) mais relativement maîtrisé du fait de l’expertise de l’équipe |
Diversification | Possible mais avec un budget considérable au-delà de 500 000 euros environ | Possible avec un budget important (20 000€ par œuvre donc 200 000 € pour être investi sur 10 œuvres différentes) | Bonne car investissement dans un bouquet de tableaux (attention l’art représente au minimum 60 % du fonds mais pas 100 %) |
Frais | Variable (15 % à 20 % pour les enchères) | 10 % de frais d’entrée + 20 % de la plus-value (success fee) | 5 % de frais d’entrée + 5 % de frais de gestion annuels |
Fiscalité | Taxe forfaitaire sur les cessions ou exportations d’objets d’art ou déclaration d’option pour le régime général de taxation des plus-values | Régime fiscal des valeurs mobilières | Régime fiscal des valeurs mobilières |
Quelle est la fiscalité des œuvres d’art en 2025 ?
La fiscalité à l’achat des œuvres d’art
La TVA est applicable aux œuvres d’art. Néanmoins, un taux réduit de 5,5 % s’applique pour les achats effectués dans l’Union européenne ou bien l’achat d’œuvres d’art directement auprès de l’artiste ou de ses ayants droit.
Pour les achats réalisés hors de l’Union européenne c’est la TVA à 20 % qui s’applique.
La fiscalité à la revente des œuvres d’art
La fiscalité des œuvres d’art est très spécifique. Ainsi, il existe une exonération pour les œuvres d’art d’ont la valeur n’excède pas 5 000 euros. En revanche, pour les œuvres d’art de plus de 5 000 euros, vous devrez :
- vous acquitter d’une taxe forfaitaire de 6 % + 0,5 % CRDS sur le montant de la cession ;
- ou bien opter pour le régime d’imposition des plus-values de cession de biens meubles si vous êtes en mesure de justifier la date et le prix d’acquisition des objets concernés, ou de justifier que le bien est détenu depuis plus de vingt-deux ans et dans ce cas, les plus-values sont imposées à un taux de 36,2 % (19 % IR + 17,2 % PS) avec un abattement de 5 % par an après la troisième année de détention (jusqu’à une exonération complète après 22 ans).
Dans le cadre d’un investissement dans l’art via des instruments financiers comme c’est le cas avec les clubs deals ou fonds spécialisés, les gains sont soumis à la flat tax ou prélèvement forfaitaire unique (PFU) de 30 % pour les particuliers résidents en France.
À noter : dans le cadre d’un héritage, certaines œuvres d’art peuvent être cédées à l’État en guise de paiement des droits de succession. C’est ce que l’on appelle « la dation ».
À qui s’adresse l’investissement dans l’art ?
Types et profils des collectionneurs d’art
Si l’hédoniste, motivé par l’amour de l’art, achète en fonction de ses coups de cœur, le professionnel est un connaisseur qui y consacre tout son temps (et son budget), quand l’altruiste se soucie des œuvres achetées et soutient les artistes émergents. Mais c’est le profil investisseur qui nous intéresse.
L’investissement dans l’art est encore l’apanage des ultra-riches qui possèdent plus de 30 millions d’euros d’actifs et dont l’art représente 5 % du patrimoine.
Objectifs et enjeux pour l’investisseur intéressé par l’art
Hiscox décrit le profil investisseur en ces termes « intéressé par la valeur économique de l’œuvre, l’investisseur choisit les artistes les plus cotés. Il entrevoit sa collection comme un moyen de diversification de son patrimoine. Peu regardant sur l’esthétisme ou l’émotion, il a besoin des conseils de consultant en art. Posséder des œuvres d’art est pour lui synonyme de réussite sociale. » Ajoutons cependant qu’il s’agit là d’un portrait type et que rien ne vous empêche de mettre un peu d’émotion, de plaisir, et d’altruisme dans un investissement qui n’est décidément pas tout à fait comme les autres.
Nos conseils pour investir dans l’art avec succès
Respecter la règle essentielle de diversification
Comme tout actif, la diversification est primordiale. On veillera donc à détenir plusieurs œuvres d’art, de plusieurs artistes différents, idéalement d’époque et styles différents. Mais il n’est pas donné à tout le monde de multiplier les acquisitions d’œuvres, notamment celles des artistes de renom. C’est pourquoi l’investissement dans des fonds spécialisés ou dans des clubs deals est particulièrement avantageuse.
Bien se faire accompagner sur le marché de l’art
Pour éviter les contre-façons, payer le juste prix, sélectionner les œuvres d’art qui présentent le meilleur potentiel de plus-value, l’accompagnement par un expert en marché de l’art est tout indiqué. La sélection rigoureuse des œuvres dans les clubs deals peut présenter une alternative efficace.
Ne pas investir dans l’art une part trop importante de son patrimoine
L’art reste un placement risqué et cet actif de diversification, au sommet de la pyramide d’un patrimoine équilibré, ne doit pas représenter une part trop conséquente de votre patrimoine. Idéalement, selon votre profil d’investisseur, l’ensemble des actifs de diversification (œuvres d’art, mais aussi crypto monnaies, métaux précieux, bijoux, montres, voitures de collection, etc.) doit représenter entre 5 % et 15 % de votre patrimoine global.
Investir dans l’art sur le long terme
L’investissement dans l’art doit s’envisager sur le long terme car la faible liquidité de l’art ne doit pas être problématique et il faut donc que vous disposiez d’assez de temps devant vous pour laisser votre actif se valoriser puis le revendre à bon prix. De plus, rappelons que les frais d’acquisition d’une œuvre d’art peuvent être importants et mieux vaut disposer de longues années devant soi pour leur amortissement.
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