Le projet de loi de finances pour 2026 marque un tournant majeur pour les contribuables français, avec plusieurs mesures susceptibles de modifier en profondeur la fiscalité des particuliers comme la taxation de leur épargne. Revalorisation du barème de l’impôt sur le revenu (IR), hausse de la flat tax via l’augmentation de la CSG, transformation de l’IFI en impôt sur la fortune « improductive », rabot du crédit d’impôt pour l’emploi à domicile… Ces décisions pourraient peser sur le budget des foyers comme sur les choix d’investissement.
Il est toutefois essentiel de rappeler que rien n’est encore définitif : le texte poursuit actuellement son parcours législatif et devra encore passer par le Sénat, une éventuelle commission mixte paritaire et, in fine, une adoption ou une validation constitutionnelle. Les mesures présentées dans cet article reposent donc sur les versions votées à ce stade, mais elles sont susceptibles d’être amendées, durcies, allégées ou supprimées avant la publication de la loi de finances définitive.
Impôt sur le revenu : barème revalorisé, combien allez-vous payer en 2026 ?
Qu’est-ce que l’indexation de 1,1 % du barème de l’impôt sur le revenu ?
La loi de finances 2025 prévoit une indexation des limites des tranches du barème de l’IR, afin de compenser partiellement l’inflation. Concrètement, les seuils de revenus associés aux tranches sont relevés de 1,1 %, selon l’amendement déposé par les LR voté le 25 octobre 2025.
Cette mesure vise à limiter les effets inflationnistes sur la fiscalité des ménages, même si elle reste inférieure aux hausses de prix que certains foyers subissent.
Qui est concerné ?
Tous les contribuables sont concernés par cette revalorisation.
Parmi les bénéficiaires, on peut noter une protection partielle de certains foyers : les modalités de la revalorisation visent à limiter le nombre de contribuables qui pourraient « basculer » dans une tranche supérieure à cause de l’inflation.
Par ailleurs, la CDHR (Contribution Différentielle des Hauts Revenus) est pérennisée au taux de 20 % « lorsque le déficit public excède 3 % du PIB ». Notez aussi que l’assiette de la CDHR est alignée sur l’assiette de la CEHR (Contribution Exceptionnelle des Hauts Revenus), soit le revenu fiscal de référence.
Combien ça coûte ?
L’impact financier de cette indexation pour l’État est significatif : 3,7 milliards d’euros de manque à gagner selon les derniers chiffrages. Selon le ministère, cette revalorisation limite l’impact de l’inflation sur les contribuables tout en maintenant la progressivité du barème.
En revanche, certains foyers pourraient voir leur imposition augmenter, car leurs revenus augmentent avec l’inflation sans que l’indexation ne compense intégralement cette hausse.
Hausse de la flat tax : à combien vos gains pourraient-ils êtes taxés ?
Hausse de la flat tax : qu’est-ce que c’est ? À combien pourrait-elle s’élever ?
La flat tax, ou prélèvement forfaitaire unique, de 30 % a été créé avec la loi Pacte en 2018. Il permet aux particuliers de bénéficier d’une taxation de leurs gains sur leurs revenus mobiliers de 30 % (12,8 % d’impôt / 17,2 % de prélèvements sociaux).
La flat tax s’applique sur tous les revenus du patrimoine : intérêts des livrets bancaires fiscalisés et des comptes à terme, mais aussi des comptes et plans épargne-logement, et bien sûr revenus issus des obligations, revenus tirés des dividendes, des plus-values de cessions de valeurs mobilières, etc. La flat tax ne s’applique pas en revanche aux livrets de l’épargne réglementée que sont le Livret A, le LDDS, le Livret Jeune, le Livret d’épargne populaire. Elle ne concerne pas non plus les revenus fonciers (qui seront tout de même impactés par la hausse de la CSG comme nous allons le voir ensuite).
À noter : il reste possible, si cela est plus avantageux pour le contribuable, de conserver en lieu et place de la flat tax une taxation au barème de l’impôt sur le revenu + de prélèvements sociaux.
Le budget 2026 entraîne une augmentation des prélèvements sociaux, passant de 17,2 % à 18,6 %, en raison d’une hausse de la CSG passant de de 9,2 % à 10,6 %. Or, ces prélèvements sociaux sont intégrés dans la flat tax et de ce fait, même si le taux d’impôt sur le revenu (12,8 %) reste inchangé, la hausse de la part sociale renchérit mécaniquement l’imposition totale des revenus du capital. Autrement dit : la flat tax ne bouge pas officiellement… mais son montant augmente quand même, passant à 31,4 %. Tous les revenus du capital soumis au PFU (prélèvement forfaitaire unique) seront donc un peu plus taxés que les années précédentes.
Qui est impacté par la hausse de la flat tax ?
La hausse de la flat tax, par la biais de la hausse de la CSH, concerne somme tous les épargnants et investisseurs qui doivent s’acquitter des prélèvements sociaux, ceux redevables de la flat tax pour leurs investissements, mais aussi ceux, moins imposés, qui ont fait le choix de conserver une taxation de leurs gains au barème de l’impôt sur le revenu + prélèvements sociaux, puisque ce sont les prélèvements sociaux qui augmentent.
Notez que si une hausse de la flat tax impacterait les épargnants et investisseurs, elle impacte aussi également les entrepreneurs qui ont fait le choix de se rémunérer essentiellement avec des dividendes (soumis à la Flat Tax).
Dans le cas où le projet de loi de finances pour 2026 serait voté avec cette mesure, alors elle serait applicable aux revenus perçus en 2025 et déclarés en 2026, selon le principe de la petite-rétroactivité fiscale.
Hausse de la flat tax : combien ça rapporte ?
Selon les dernières estimations, la hausse de la CSG devrait apporter environ 2,5 milliards d’euros supplémentaires à l’État.
Instauration d’un nouvel IFI : qui est concerné par l’impôt sur la fortune improductive ?
Plutôt qu’un retour à l’ISF ou l’instauration d’une “taxe Zucman”, le gouvernement a choisi une voie intermédiaire : la transformation de l’impôt sur la fortune immobilière (IFI) en Impôt sur la Fortune Improductive (IFI). Cette nouvelle mouture, recentrée sur les actifs dits improductifs, vise à taxer différemment les patrimoines jugés « peu contributifs » à l’économie réelle.
Qu’est-ce que l’Impôt sur la fortune improductive ?
L’impôt sur la fortune improductive est un impôt visant les contribuables ayant un patrimoine conséquent en ne retenant que les « biens et actifs non productifs ». On peut par exemple citer les métaux précieux comme l’or, les cryptos, les œuvres d’art, les yachts, mais aussi l’immobilier locatif, le fonds euros de l’assurance vie, etc.
Le taux unique de taxation de 1 %, sans progressivité, induira forcément des effets de seuil.
Qui est concerné par la mise en place du nouvel IFI ?
L’impôt sur la fortune improductive concerne les personnes dont le patrimoine net de biens et actifs non productifs est supérieur à 1,3 millions d’euros, même si l’assiette taxable débute à 2 millions. Notez qu’il existe un abattement fixe de 1 million d’euros pour la résidence principale (ou un bien au choix du foyer), en remplacement de l’abattement de 30 % sur la résidence principale qui existait avec l’impôt sur la fortune immobilière.
Ainsi, l’assiette taxable porte sur le patrimoine (le stock) et non sur les revenus (le flux). Il peut donc être difficile pour certains foyers de s’en acquitter, sauf à revendre une partie de leur patrimoine.
Mise en place de l’impôt sur la fortune improductive : combien ça rapporte ?
Selon les premières estimations, l’IFI nouvelle version pourrait rapporter environ 500 millions d’euros dans les caisses de l’État.
Rabot sur le crédit d’impôt à la personne : quelles conséquences pour le particulier employeur ?
Le budget 2026 acte un rabot inédit du crédit d’impôt « services à la personne », un dispositif avantageux pour les particuliers employeurs qui ont recours à une aide à domicile : ménage, garde d’enfants, soutien scolaire, petit bricolage, aide aux personnes âgées, etc.
Baisse du crédit d’impôt à la personne : qu’est-ce que c’est ?
L’amendement n° 3458, voté le 25 octobre 2025 à l’Assemblée nationale, réforme le crédit d’impôt « services à la personne » en réduisant le plafond annuel des dépenses éligibles, passant de 12 000 € à 10 000 €. Elle ne modifie pas, pour l’instant, le taux de réduction (50 %) mais rend malgré tout l’avantage fiscal plus limité.
Ce rabot s’appliquera dès l’imposition des revenus 2025.
Baisse du crédit d’impôt à la personne : qui est impacté ?
Sont concernés tous les particuliers employeurs utilisant le dispositif :
- employeurs d’un salarié à domicile (CESU, entreprise, mandataire) ;
- familles ayant recours à la garde d’enfants à domicile ou à des services à la personne ;
- personnes dépendantes ou seniors recourant à une aide à domicile.
Le rabot touche principalement les foyers ayant des dépenses élevées en services à la personne : en passant de 12 000 € à 10 000 €, l’avantage fiscal maximal se réduit, ce qui augmente mécaniquement le reste à charge.
Baisse du crédit d’impôt à la personne : combien ça rapporte ?
Cette réduction des dépenses éligibles permet à l’État d’économiser selon les premières estimations entre 150 et 250 millions d’euros par an. Toutefois, le secteur des services à la personne alerte sur un risque de contraction de la demande, notamment chez les foyers vulnérables.
Notez aussi que cette mesure pourrait renchérir significativement le coût réel de nombreux services du quotidien et de ce fait, accroître le recours au travail dissimulé, ce qui pourrait in fine engendrer des recettes moins importantes pour l’État.
Budget 2026 : quelles conséquences si les mesures sont confirmées ?
Le budget 2026 pourrait modifier de manière significative l’environnement fiscal des ménages : gains financiers plus taxés, patrimoine soumis à une nouvelle forme d’imposition, avantages réduits pour les particuliers employeurs… Certaines mesures, comme le nouvel IFI ou la hausse de la CSG, pourraient avoir un impact direct sur les décisions d’épargne et d’investissement. D’autres, comme l’indexation du barème de l’impôt sur le revenu, offrent un léger répit face à l’inflation.
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Source des images : Freepik
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