
François Bayrou parti, c’est désormais à Sébastien Lecornu que revient la tâche immense de boucler le budget 2026. Et si les dizaines de milliards d’économies nécessaires ne sauraient être trouvées, c’est bien évidemment vers un accroissement des recettes plutôt que vers une réduction des dépenses que nous nous dirigerons. Un accroissement des recettes qui, en France tout particulièrement, passe par l’augmentation des impôts.
L’état d’urgence budgétaire va-t-il entraîner une hausse massive des impôts ? C’est à n’en point douter le souhait de nombreux partis politiques, pour qui le financement de l’État se règle à coup de « concours Lépine de l’impôt ». Et parce que pour éviter la censure il faudra contenter beaucoup de monde, il y a fort à parier qu’en 2026 les impôts devraient réellement augmenter. Plusieurs mesures fiscales pourraient bien entrer en vigueur dès l’an prochain.
Découvrez dans cet article les augmentations d’impôt de 2026 les plus probables, les personnes concernées par ces hausses fiscales, les retombées potentielles de l’évolution de la fiscalité des particuliers pour les finances publiques.
Année blanche : combien le gel des impôts va-t-il vous coûter ?
L’année blanche, solution présentée à l’été 2025 par François Bayrou, pourrait bien être de nouveau envisagée.
Année blanche : qu’est-ce que le gel du barème de l’impôt sur le revenu ?
Une année blanche correspond à une année pendant laquelle on gèle le niveau des prestations sociales (allocations familiales, minima sociaux, prime d’activité ou bien encore RSA ou pensions de retraite) mais aussi le barème de l’impôt sur le revenu (IR) qui resterait donc en 2026 identique à 2025, sans prendre en compte l’inflation comme c’est habituellement le cas.
Qui est impacté par le gel du barème de l’impôt sur le revenu ?
Cela conduirait à l’entrée dans l’impôt de certains foyers et à un changement de tranche pour d’autres. Par exemple, une personne célibataire, qui profite de 3 % d’augmentation et perçoit 1 460 euros nets par mois, sera avec le gel du barème de l’IR désormais redevable de l’impôt sur le revenu et devra s’acquitter de 73 euros d’impôt par an. 300 000 foyers fiscaux pourraient ainsi devenir imposables. Notez aussi que de nombreux foyers fiscaux verront leur contribution augmenter en passant dans la tranche supérieure du barème de l’IR. Il sera cependant plus difficile pour un ménage de savoir exactement de combien leur impôt a augmenté sans pouvoir s’appuyer pour comparer sur le barème qui aurait pris en compte l’inflation. Le gel des barèmes, difficilement mesurable pour beaucoup, correspond en réalité à une hausse d’impôt qui ne dit pas son nom, et donc plus acceptable qu’une modification de taux par exemple.
Gel du barème de l’impôt sur le revenu : combien ça rapporte ?
Quel serait le bénéfice pour les comptes publics du gel du barème de l’IR ? Selon une estimation de l’Institut des politiques publiques (IPP), le dispositif engendrerait un gain budgétaire de 1,4 milliard d’euros en cas de gel des paramètres de l’impôt sur le revenu.
Attention : LFI comme RN sont opposés à cette mesure et cette opposition de deux des forces d’une assemblée tripartite pourrait enterrer le gel du barème de l’impôt sur le revenu.
Rétablissement de l’ISF : qui est concerné ?
Le retour de l’impôt sur la fortune est régulièrement remis sur le devant de la scène depuis qu’Emmanuel Macron a remplacé l’impôt sur la fortune en impôt sur la fortune immobilière (IFI). Les Gilets jaunes ont fait du rétablissement de l’ISF une de leurs principales revendications. Si le leitmotiv du mouvement « Bloquons tout » est la lutte contre l’austérité, il paraît probable qu’il mette en bonne place de ces revendications un durcissement de la taxation des plus riches et pourrait replacer au cœur du débat l’impôt sur la fortune.
Qu’est-ce que l’ISF ?
Rappelons que l’impôt sur la fortune est un impôt visant les contribuables ayant un patrimoine conséquent. Ce patrimoine serait vraisemblablement taxé selon l’ancien barème de l’ISF et actuel barème de l’IFI (aucune revalorisation pour cause d’inflation à prévoir). La barème de l’IFI actuel, qui serait sûrement repris tel quel en cas de rétablissement de l’ISF est le suivant :
Valeur du patrimoine net imposable | Taux d’imposition |
0€ à 800 000€ | 0 % |
800 000€ à 1 300 000€ | 0,5 % |
1 300 001€ à 2 570 000€ | 0,7 % |
2 570 001€ à 5 000 000€ | 1,00 % |
5 000 001€ à 10 000 000€ | 1,25 % |
10 000 000€ et + | 1,5 % |
Qui est concerné par le rétablissement de l’ISF ?
L’impôt sur la fortune concerne les personnes dont le patrimoine net (bien mobiliers et immobiliers confondus, dont on a retranché les dettes) est supérieur à 1,3 millions d’euros, même si l’assiette taxable débute à 800 000 euros. Notez qu’il existe un abattement de 30 % pour la résidence principale.
Ainsi, l’assiette taxable porte sur le patrimoine (le stock) et non sur les revenus (le flux). Il peut donc être difficile pour certains foyers de s’en acquitter, sauf à revendre une partie de leur patrimoine.
Rétablissement de l’ISF : combien ça rapporte ?
Le manque à gagner lié au remplacement de l’ISF par l’IFI a été évalué à 4,5 milliards d’euros en 2018. Le rétablissement de l’ISF devrait donc rapporter à l’État des recettes de cet ordre de grandeur. Quid de l’exil fiscal qu’il engendrerait ? Il semble qu’il serait relativement limité. Mais jusqu’à quand ? De plus, il serait bien d’évaluer précisément dans quelles mesures la hausse des impôts des plus riches aura des conséquences sur la croissance du PIB. Enfin, quelles mesure d’optimisation fiscale pourraient être mises en œuvre par les contribuables visés pour échapper (au moins en partie) à cet impôt ? Autant d’éléments qui pourraient faire chuter drastiquement les recettes espérées.
Attention : si la gauche est en faveur du rétablissement de l’ISF, ce n’est pas le cas des Macronistes qui l’ont remplacé par l’IFI, ni bien évidemment de la droite. Quant au RN, il a émis l’hypothèse de supprimer l’impôt sur la fortune immobilière (IFI) pour le remplacer par un impôt sur les fortunes financières (IFF).
Taxe Zucman : est-ce vraiment une bonne idée ?
Après le rétablissement de l’ISF, l’aile gauche de l’hémicycle s’est entichée d’une nouvelle mesure visant à taxer les plus riches : la désormais fameuse taxe Zucman.
Qu’est-ce que la taxe Zucman ?
La taxe Zucman vise à créer un impôt correspondant à 2 % du patrimoine global des ultra-riches. La taxation de ce patrimoine « étendu » pose un problème conséquent, notamment lorsqu’il s’agit de taxer le rendement des actifs professionnels puisque, selon le Sénat, « la valorisation année après année de l’ensemble du patrimoine détenu par les contribuables (…) constitue une gageure ».
Là encore, l’idée est de taxer le stock (et non le flux) sans tenir compte des incidences éventuelles sur le patrimoine de ces ultra-riches qui conduiraient pas exemple à l’aliénation forcée d’une partie du patrimoine du contribuable afin de régler sa créance fiscale avec le risque d’illiquidité que cela engendre. Et comment les entreprises, dont la valorisation est d’abord fondée sur l’estimation de revenus non pas actuels, mais futurs, avec une forte trajectoire de croissance anticipée et de ce fait bien valorisées, pourraient-elles s’acquitter d’un tel impôt ?
Notez qu’il s’agirait d’une contribution différentielle, qui ne s’appliquerait que si le montant d’impôts déjà payés par le contribuable est inférieur à 2 % de sa fortune. Mais sont retenus pour ce calcul des montant d’impôt déjà payés la somme des montants effectivement acquittés par ces derniers sur leurs revenus (économiques) pour l’ensemble des impositions directes (IR, IFI, prélèvements sociaux) en excluant l’impôt sur le sociétés.
Qui est concerné par la taxe Zucman ?
La taxe Zucman cible les foyers fiscaux possédant plus de 100 millions d’euros de patrimoine, ce qui représente environ 1 800 foyers fiscaux.
Taxe Zucman : combien ça rapporte ?
Gabriel Zucman évalue les recettes fiscales supplémentaires induites par cette taxe à 20 milliards d’euros environ. Selon un sondage du ThinkTank Destin Commun, cette mesure est approuvée par 77 % des Français.
Outre les observations liées à des vices constitutifs présentées plus haut, il serait bon d’anticiper les potentielles conséquences de la taxe Zucman sur le comportement des contribuables visés, comme l’exil fiscal ou l’optimisation fiscale qui amoindriraient les recettes fiscales de cette mesure, mais aussi leur vélleité à investir en France, ce qui aura indubitablement un impact sur la compétitivité de la France, son attractivité pour les entrepreneurs et sur la croissance du PIB.
Enfin, rappelons que la taxe Zucman avait été adoptée en première lecture à l’Assemblée avant d’être rejetée par le Sénat. Cette nouvelle taxe a été portée par l’aile gauche de l’hémicycle, avec une faible mobilisation du camp gouvernemental. La droite s’y est opposée et le RN s’est abstenu.
Et surtout, les contribuables, redevables ou non d’un potentiel ISF ou d’une hypothétique taxe Zucman, ne sont-ils pas lassés de devoir encore davantage payer un État déjà champion des prélèvements en tous genres et qui malgré cela délivre des services toujours moins satisfaisants ?
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